La coloscopie est un examen médical destiné à observer l’aspect de la paroi interne du côlon (gros intestin) et du rectum, à l’aide d’un tube souple équipé d’une caméra miniaturisée (le « coloscope »). Cet examen a la particularité d’être également un moyen d’intervenir chirurgicalement sur cette paroi, par exemple pour faire un prélèvement (une « biopsie ») ou pour enlever une excroissance (un « polype » ou « adénome ») ou une tumeur de petite taille.
Quand le médecin prescrit-il une coloscopie ?
La coloscopie (également appelée « vidéocoloscopie ») est prescrite par le médecin traitant lorsqu’un patient présente des symptômes qui suggèrent une maladie intestinale, par exemple des diarrhées chroniques inexpliquées, ou des douleurs chroniques résistantes aux traitements habituels ou la présence de sang dans les selles, ou dans une optique de dépistage d’une maladie, ou comme c’est le cas avec le cancer colorectal ou dans la surveillance de maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI)
Chaque année, en France, plus d’un million de coloscopies sont réalisées.
Qu’appelle-t-on « polype » ?
Souvent, les cancers colorectaux évoluent à partir de polypes (des amas de cellules ressemblant à une plaque, un gonflement ou une petite grappe sur la surface interne du côlon ou du rectum). Ces polypes sont le plus souvent bénins, mais certains polypes dit adénomateux peuvent dégénérer, d’autant plus que leur taille est élevée. On estime qu’entre 60 et 80 % des cancers colorectaux se développent à partir d’un polype.
Avant de se transformer en tumeur cancéreuse, les polypes passent par une phase dite « précancéreuse » ou dysplasie. Au cours d’une coloscopie, le médecin gastro-entérologue identifie et enlève tous les polypes. Seul le laboratoire d’anatomopathologie peut, grâce au microscope, différencier les différentes classes de polypes (hyperplasiques, adénomateux, festonnés, etc.).
Quelle est la place de la coloscopie dans le dépistage du cancer colorectal ?
Dans la plupart des cas, le dépistage du cancer colorectal par coloscopie est prescrit aux personnes qui :
- ont des symptômes pouvant évoquer ce type de cancer : sang dans les selles, diarrhée et/ou constipation inhabituelle, maux de ventre d’apparition récente en particulier chez une personne à partir de 50 ans, amaigrissement récent inexpliqué, anémie d’origine non identifiée, envie d’aller à la selle sans y parvenir (« faux besoins ») ;
- ou qui ont fait un test de recherche de sang dans les selles (test immunologique utilisé dans le dépistage organisé du cancer colorectal) qui s’est révélé positif.
Par ailleurs, certaines personnes dont le risque de cancer colorectal est plus élevé que la moyenne doivent régulièrement faire une coloscopie :
- les personnes qui ont déjà eu un cancer colorectal ;
- les personnes chez qui ont a déjà enlevé plusieurs polypes de la paroi du côlon ou du rectum ;
- les personnes dont un apparenté du 1er degré (parents, frères et sœurs, enfants) a eu un cancer colorectal (ou un gros polype) avant l’âge de 65 ans ;
- les personnes dont plus d’un apparenté du 1er degré a eu un cancer colorectal (ou un gros polype) quel que soit l’âge de ces apparentés au moment du diagnostic ;
- les personnes qui souffrent de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (rectocolite hémorragique, maladie de Crohn) ;
- les personnes qui souffrent de polypose adénomateuse familiale ou de syndrome de Lynch, deux maladies génétiques qui exposent à un risque très élevé de polypes multiples et de cancer colorectal. Chez ces personnes, un type particulier de coloscopie (la « chromo-endoscopie ») est utilisé tous les deux ans et dès un plus jeune âge.
Quelle est la place de la coloscopie dans le suivi médical du cancer colorectal ?
Pendant la période qui suit la disparition de la tumeur (la « période de rémission »), les personnes qui ont eu un cancer colorectal doivent faire divers examens très régulièrement pour dépister d’éventuels nouveaux polypes (qui pourraient évoluer en tumeurs cancéreuses) ou une rechute du cancer initial. Une coloscopie est pratiquée après six mois, puis un an plus tard, et, si tout va bien, à trois ans et cinq ans.
Après cinq ans, si examen normal, un suivi par coloscopie continue à être assuré, tous les cinq ans.
Quelle est la place de la coloscopie dans le suivi des personnes à risque élevé de cancer colorectal ?
Les personnes qui sont dites « à risque élevé » de cancer colorectal sont celles qui ont un antécédent personnel ou familial (apparentés du 1er degré) pour cette maladie, ou celles qui souffrent de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Pour ces personnes, une première coloscopie doit être effectuée :
- dès l’âge de 45 ans ;
- OU cinq ans avant l’âge qu’avait l’apparenté au diagnostic de son cancer ;
- OU après dix années d’évolution de la MICI.
Ensuite, une coloscopie de contrôle doit être effectuée tous les cinq ans.
Pour les personnes qui ont eu des polypes nombreux ou de taille importante, une coloscopie de contrôle est faite trois années plus tard, puis tous les cinq ans.
Chez les personnes qui souffrent de polypose adénomateuse familiale ou de syndrome de Lynch, le rythme des examens coloscopiques dépend de chaque situation individuelle : nature de la maladie, âge, bilan génétique de la personne et de la famille. En cas de syndrome de Lynch, il est recommandé de faire une coloscopie dès l’âge de 25 ans. Ensuite, elles sont faites tous les deux ans avec coloration et un examen fibroscopique de l’œsophage, de l’estomac et de la première partie de l’intestin grêle (duodénum).
Quels sont les risques de la coloscopie ?
La coloscopie est un geste technique sûr. Néanmoins, dans 2 % des cas, une hospitalisation pour complication peut être nécessaire. Ces complications concernent plutôt les personnes âgées de plus de 60 ans, celles qui souffrent d’une maladie cardiaque ou respiratoire, celles qui prennent des médicaments anticoagulants ou anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, kétoprofène, par exemple), ou celles chez lesquelles la coloscopie amène à enlever un polype volumineux (plus de 2 cm de diamètre).
Les complications de la coloscopie les plus fréquemment observées sont :
- une complication de l’anesthésie générale (baisse de la concentration d’oxygène dans le sang), qui représente la moitié des complications des coloscopies (soit environ 1 % des personnes examinées) ;
- une hémorragie après avoir enlevé un polype, soit immédiatement, soit une à trois semaines après la coloscopie (0,2 à 3 % des personnes examinées) ;
- une perforation du côlon, immédiate ou dans les jours qui suivent la coloscopie (0,1 à 2 % des personnes examinées) ;
- une infection, dans moins de 4 % des cas (les personnes à risque infectieux peuvent recevoir un traitement antibiotique préventif avant la coloscopie) ;
- plus rarement, des troubles cardiovasculaires (troubles du rythme cardiaque, accident vasculaire cérébral, par exemple).
Hors complications, les personnes qui ont subi une coloscopie peuvent, dans les heures qui suivent l’examen, ressentir des maux de ventre (dans 5 % des cas), des saignements digestifs (dans 2 % des cas), de la fatigue, des douleurs musculaires, des problèmes urinaires ou génitaux ou des maux de tête.
Quelles sont les limites de la coloscopie ?
Dans environ 5 % des cas, le médecin gastro-entérologue ne parvient pas à explorer le côlon dans sa totalité : rétrécissement de l’intestin infranchissable par le coloscope, matières fécales résiduelles (du fait d’une mauvaise préparation) ou encore difficultés anatomiques qui entravent la progression du coloscope. Dans ce cas, il peut être nécessaire de réaliser un examen radiologique, la coloscopie virtuelle ou coloscanner, voire un lavement avec un produit qui bloque les rayons X (un « produit de contraste »).
Même lorsqu’elle est complète, la coloscopie peut ne pas détecter des anomalies, en particulier si le côlon n’est pas parfaitement propre : c’est le cas de 15 à 25 % des polypes de moins de 1 cm, de 0,1 à 6 % des polypes de plus de 1 cm, et de 0,5 à 6 % des cancers du côlon.
Pour en savoir plus
« Référentiel de pratiques pour la prévention et le dépistage du cancer colorectal », Haute Autorité de Santé, juin 2013.
« Comment se déroule une coloscopie ? », L’Assurance Maladie, mai 2015.
« La coloscopie », Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE), 2009.
Consultez également nos articles :
- La coloscopie en pratique
- Préparer sa coloscopie
- La coloscopie virtuelle (coloscanner)
Cet article a été réalisé avec le soutien institutionnel du laboratoire Norgine Pharma.