En France, aujourd’hui, seulement trois types de cancer font l’objet d’un dépistage organisé par l’État : le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus et le cancer colorectal (gros intestin et rectum). Le but de ce dépistage est de déceler les cancers colorectaux à un stade précoce de leur évolution pour augmenter les chances de réussite des traitements.

Pourquoi faire un test de dépistage du cancer colorectal ?

Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent et la deuxième cause de décès par cancer en France. Grâce au dépistage et à l'amélioration des traitements, la mortalité décroît. En effet, un cancer colorectal diagnostiqué tôt guérit dans 90 à 95 % des cas, alors qu’un cancer colorectal diagnostiqué tardivement (avec des métastases) guérit dans environ 50 % des cas.

De plus, le cancer colorectal se développe lentement. On estime qu’il se passe dix à quinze ans entre l’apparition d’un polype (une excroissance de la paroi interne de l’intestin) et sa transformation en tumeur cancéreuse. Ainsi un dépistage effectué tous les deux ans suffit à détecter une éventuelle évolution cancéreuse.

Qui doit faire un test de dépistage du cancer colorectal ?

Le cancer colorectal est le plus souvent observé chez les personnes âgées de plus de 50 ans. Pour cette raison, le test de dépistage doit être fait chez les personnes âgées de 50 à 74 ans. Pourquoi s’arrêter à 74 ans ? Parce que le cancer colorectal se développe lentement et qu’un côlon sain à 74 ans ne devrait pas développer de tumeur pendant le restant de la vie de la personne. Mais avec l’allongement de l’espérance de vie moyenne, cet âge maximal pourrait évoluer dans les années à venir.

Dans certaines familles qui présentent un risque plus élevé de cancer colorectal, le dépistage peut être débuté avant 50 ans. Dans le cas de certaines maladies génétiques, il débute même dès la fin de l’adolescence.

Comment le test peut-il dépister le cancer colorectal ?

Le test actuel (dit « test au gaïac » ou test « Hémoccult ») dépiste la présence de sang dans les selles. En effet, les tumeurs du côlon et du rectum ont tendance à saigner. Mais ce test est peu spécifique : la présence de sang dans les selles peut provenir de très nombreuses maladies. Pour cette raison, un test de dépistage positif doit impérativement être suivi d’une coloscopie (examen des parois de l’intestin par une sonde équipée d’une caméra) pour connaître la cause de ces saignements.
Parlons franchement, le test au gaïac est pénible à mettre en œuvre du fait de devoir « tartiner » six prélèvements sur la carte-réponse. Un autre test existe, recommandé par la Haute Autorité de Santé, le test dit « immunologique ». Ce test est plus sensible (il détecte des quantités de sang plus faibles) et il nécessite seulement de tremper un gros coton-tige dans une selle, une seule fois.

Dans les familles qui ont un risque plus élevé de développer un cancer colorectal, le test au gaïac n’est pas utilisé. Le dépistage se fait directement par coloscopie.

Quand le test immunologique sera-t-il disponible ?

Pour des raisons que l’on suppose économiques, l’État a choisi d’attendre pour mettre en œuvre le test immunologique, même si chaque année passée à garder le test au gaïac représente environ 3 000 décès qui auraient pu être évités… (pour plus d’information, lisez cette tribune de médecins parue dans le quotidien Le Monde).

En 2014, un appel d’offres a été passé par l’État, un fournisseur de tests immunologiques retenu. Le test immunonologique devrait être disponible en mars 2014. En attendant, les médecins peuvent prescrire une recherche de sang dans les selles dans un laboratoire d'analyses.

En pratique, comment se passe le test de dépistage du cancer colorectal ?

Le test au gaïac se fait chez soi, sur trois jours. Chaque jour, il faut prélever deux fragments de selles (sans que celles-ci soient souillées par l’eau ou l’urine). Ces fragments sont déposés sur une carte et recouverts avec un volet. Une fois les six fragments prélevés sur les selles de trois jours consécutifs, il faut envoyer la carte à l'aide d'une enveloppe T pré-affranchie, fournie avec le test, à un laboratoire d'analyses agréé pour le dépistage organisé. Les résultats du test sont adressés au patient, ainsi qu'au médecin traitant, dans un délai de quinze jours.

Où puis-je trouver le test de dépistage du cancer colorectal ?

Seul votre médecin traitant peut remettre un kit de dépistage du cancer colorectal. La Caisse d’Assurance maladie les envoie également par la Poste aux personnes qui ne sont pas allés le chercher après deux courriers en ce sens.

Pourquoi certaines personnes subissent-elles des coloscopies sans avoir fait le test ?

Les personnes qui ont un apparenté du premier degré (père, mère, frère, sœur, enfant) atteint de cancer colorectal doivent subir une coloscopie de dépistage tous les deux ans (sans faire le test de recherche de sang dans les selles). Il en est de même pour celles qui ont eu un cancer colorectal.

Enfin, les personnes qui souffrent de maladies où le risque de cancer colorectal est plus élevé, qu’elles soient génétiques (polyadénomatose familiale ou syndrome de Lynch) ou inflammatoires (maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique), doivent également être régulièrement suivies par coloscopie.

Pour en savoir plus :

La fiche du site de l’Assurance maladie sur le dépistage du cancer colorectal

Le clip vidéo de la campagne Mars Bleu 2013

Le clip vidéo de la campagne Mars Bleu 2014

Notre vidéo sur l’importance du dépistage du cancer colorectal